Avec ce numéro 6, TrOPICS devient officiellement semestriel. Consacré à des Varia, il répond à l’orientation qu’a prise la revue au fil des livraisons. En effet, d’abord prévue pour être totalement inter- et transdisciplinaire autour des 6 sections représentées au sein de l’EA DIRE elle s’est progressivement centrée sur la littérature et ses rapports aux autres domaines et disciplines (histoire, civilisation, langue, sciences, politique, arts).
Ce numéro témoigne aussi de la volonté d’ouvrir le champ éditorial de la revue, avec la rubrique Documents (ici, un travail autour des variantes d’un texte méconnu de Lacroix, par Stéphane Fossard) et la rubrique Entretiens (un dialogue avec Maxime Decout, Professeur à Aix-Marseille et auteur de trois essais autour de l’imitation, la mauvaise foi et l’imposture en littérature). En décembre prochain est prévue l’ouverture de la rubrique Compte rendu.
Les Varia ici présentés portent donc sur la littérature et les arts, du XVIIe siècle à nos jours et les articles publiés correspondent tous aux axes de l’EA DIRE, et parfois se situent au croisement de deux ou trois de ses thématiques de recherche. Soulignons que les contributeurs (de l’Université de La Réunion, d’Aix-Marseille ou de Nantes) sont aussi bien de jeunes chercheurs que des Enseignants-Chercheurs confirmés.
Nicolas Correard ouvre le numéro avec un article portant sur l’utopie et plus précisément sur les langues de l’utopie du XVIIe siècle : étudiant les projets sérieux de langue universelle et les confrontant aux fictions fantaisistes et satiriques, il renouvelle la lecture de Foigny, Veirasse, Cyrano de Bergerac ou encore Urquhart. Annette Deschamps nous entraîne dans les poésies pastorales de Fontenelle qu’elle relit à l’aune de leur réception : une œuvre dans la continuité d’Ovide, mais qui se démarque en partie de la tradition pour s’inscrire aussi dans la modernité chère à leur auteur. Mathilde Bedel s’intéresse aussi à cette période de la fin du XVIIe, mais le voyage qu’elle propose est réel : elle s’intéresse aux relations viatiques des Français en Inde. Ensuite, la contribution de Guilhem Armand porte sur la démarche de Malesherbes qui, à la fin des Lumières, a permis la signature de l’Édit de Tolérance, œuvre essentielle d’un humaniste travaillant dans la discrétion, mais laissée dans l’ombre après la Révolution, par une historiographie qui aura préféré se souvenir de l’action éclatante d’un Voltaire. Vincent Mugnier, à l’instar de Mathilde Bedel, s’intéresse aussi à l’Orient : c’est la ville frontière entre deux mondes, Constantinople qui fait l’objet d’une étude à travers les œuvres de Gautier et Nerval d’une part, et de Pamuk, Kemal et Tampïnar de l’autre, soulignant ainsi une certaine continuité dans le croisement des regards. Isabelle Malmon s’intéresse à un tableau de Gauguin qui traduit, une fois confronté aux écrits de l’auteur, une véritable lecture de Balzac et Hugo. Enfin, Marc Arino propose une analyse du film Transcendance de Wally Pfister, sorti en 2014, opus qui pose la question de la mince frontière qu’il peut y avoir entre utopie et dystopie, notamment quand on traite de l’Intelligence Artificielle.