Le Médecin de l’amour (1787) de François-Amédée Doppet : la fiction au service d’une nouvelle théorie médicale

Bénédicte Prot

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Bénédicte Prot, « Le Médecin de l’amour (1787) de François-Amédée Doppet : la fiction au service d’une nouvelle théorie médicale », Tropics [En ligne], 1 | 2013, mis en ligne le 01 décembre 2013, consulté le 21 décembre 2024. URL : https://tropics.univ-reunion.fr/154

C’est en empruntant la formule d’un polygraphe désormais bien connu du dix-huitième siècle que l’on peut dire que « cette Belle invisible, qu’on nomme la Postérité »1 n’a pas fait du médecin François-Amédée Doppet un des grands écrivains de son temps. On a peu retenu l’œuvre de ce curieux personnage qui décroche son diplôme de médecine à Turin, exerce une carrière militaire et se pique de littérature avant d'écrire « révolutionnairement »2. Les articles biographiques sur Doppet soulignent l’engagement politique et militaire du médecin et s’accordent pour dévaluer son œuvre littéraire, considérant qu’il a écrit « des badinages et des romans généralement ennuyeux »3 et qu’il fut « mauvais poëte, mauvais médecin, mauvais écrivain, mauvais général »4.

Doppet n’a cessé de faire reconnaître son statut d’homme de lettres et de médecin-écrivain. Il écrit ainsi dans Zélamire, ou les liaisons bizarres : « il est bon de ne pas cacher au Lecteur que je suis Médecin ; je ne suis pas fâché que mes amis et mes ennemis le sachent »5. Jusqu’à la Révolution, Doppet semble mener ces deux activités de front : « Parce que mes moments de loisir sont remplis par un travail amusant, doit-on conclure de là que je ne peux pas être Médecin ? »6 C’est ainsi qu’il écrit des textes divers, touchant à la médecine de son temps (Traité théorique et pratique du magnétisme animal, La Mesmériade, Le Médecin philosophe) et des ouvrages de fiction, dont il reconnaît la paternité à titre d’éditeur ou d’auteur : entre autres, les Mémoires de madame de Warens, Célestina, ou la philosophe des Alpes, Zélamire, ou les liaisons bizarres. En 1787, il publie Le Médecin de l’amour, qu’il qualifie lui-même d’ « ouvrage médico-romancier »7 et qu’il signe de sa plume de « Docteur en Médecine, de la faculté de Turin ».

Refusant de croire qu’il « per[d] des pratiques à mesure qu’il paroît une de [s]es productions »8, Doppet revendique la forme hybride de son Médecin de l’amour. Le texte se présente comme un traité de médecine divisé en deux parties, qui traitent respectivement des effets et des causes de l’amour. Le médecin aborde dans chacun des chapitres de ces parties les points précis d’une réflexion sur l’amour et les annonce par des titres comme « Les Illusions de l’Amour », « Les Surprises de l’Amour » ou encore « De l’Amour considéré comme une Maladie » etc. La plupart des chapitres qui composent Le Médecin de l’amour sont suivis d’un ou plusieurs courts textes narratifs présentés de la façon suivante : par exemple, le chapitre II de la seconde partie s’intitule « Des Causes de l’Amour » et est suivi de « Saint-Phar et Coraline ; Anecdote. » Même cas de figure pour ce qui est du chapitre VI de la première partie, titré « Les Peines de l’Amour » auquel succèdent « Valcour et Sophie ; Anecdote » puis « Christine et Florival ; Anecdote. » On observe d’emblée la place importante accordée à l’anecdote dans ce texte médical ainsi que le fonctionnement de l’ouvrage, reposant sur une alternance et une symétrie entre chapitre discursif et texte narratif.

Doppet a écrit à propos de son œuvre littéraire : « On voit que, si je m’occupais du délassement des romans, je m’attachais néanmoins parfois à des objets d’utilité »9. Dans cette perspective, nous voudrions interroger cette cohabitation du discours scientifique et de l’anecdote chez un auteur qui fait de la fiction sa distraction, sans toutefois renoncer à participer aux savoirs et aux questionnements de son temps. Pourquoi Doppet fait-il le choix de cette alternance ? Quel usage fait-il de cette forme littéraire qu’est l’anecdote, qui plus est dans un texte de facture médicale ? Quels liens se tissent entre ces historiettes et la théorie proposée par le médecin ? On ne saurait réduire Le Médecin de l’amour à ce qu’en dit timidement le Journal encyclopédique de 1787 : « Cet écrit peut avoir aussi un attrait particulier pour les lecteurs qui ne cherchent que l’amusement : c’est qu’il renferme un grand nombre de petites historiettes à propos des divers aspects sous lesquels M.D. considère l’amour »10. Les anecdotes font bel et bien toute l’originalité du Médecin de l’amour : à tel point que l’on pourrait supposer que cet « ouvrage singulier »11 souffrirait d’un cruel manque s’il était amputé de ses courts récits. La structure de l’ouvrage suscite notre réflexion sur les relations qui peuvent s’établir entre fiction et science ; les anecdotes du Médecin de l’amour révèlent une démarche d’écriture qui permet à Doppet de jouer des théories médicales de son temps sur l’amour et sur les effets de la littérature.

Ce n’est pas sans une certaine mauvaise foi que Doppet présente Le Médecin de l’amour : « Si la Poësie et la Philosophie ont souvent choisi l’amour pour un sujet d’éloge ou de critique, la Physique et la Médecine n’en ont que très-peu fait l’objet de leur recherches »12. Le discours médical sur l’amour n’a pas attendu Doppet pour se développer. Les passions de l’âme font partie des six choses non naturelles que les médecins doivent examiner13. Dans ce sens, les abus et les effets néfastes des passions, toujours susceptibles de causer le trouble de l’esprit et du corps, sont décriés par les médecins qui ne cessent de préconiser une conduite modérée et raisonnable. On s’interroge depuis de nombreuses années sur les causes, les symptômes et les moyens de guérison et de prévention de l’amour : le médecin Jacques Ferrand, pour ne citer qu’un exemple bien connu, publie dès 1610 ses remarques sur l’amour, remaniées dans une seconde édition en 1623 sous le titre De la Maladie d’amour, ou Mélancholie Erotique. Discours curieux qui enseigne à connaître l’essence, les causes, les signes et les remèdes de ce mal fantastique. L’amour est alors considéré comme une maladie : s’il est mal conduit, il peut causer de graves dommages sur le corps et sur l’âme. En publiant son Médecin de l’amour Doppet est héritier des discours des médecins sur l’amour. Mais, bien loin des préconisations de ses confrères, il affirme que son « nouveau systême montrera l’amour comme maladie et comme remède… »14 Sa médecine refuse ainsi les remèdes traditionnels en admettant que « ce n’est que par les passions mêmes qu’on doit combattre les maux qu’elles ont causées [sic] »15. Doppet, qui écrit par ailleurs que « [l]es préceptes de Morale sont aussi des préceptes de santé16 », va chercher à démontrer les vertus médicinales de l’amour tout en soutenant la portée morale de son ouvrage : « Dans mes réflexions sur l’amour, j’expose les biens que procure aux humains ce doux penchant de la nature ; mais, qu’on y fasse bien attention, plus l’amour paroît promettre le bonheur, plus on doit se défier de ses illusions ; car il n’arrive que trop souvent qu’on s’égare en cherchant le plaisir »17. Doppet conçoit que sa théorie médicale est délicate : il ne s’agit plus de fournir une « pharmacopée de l’amour »18 mais bien de tenter de montrer les effets bénéfiques sur la santé d’un « amour pur et dégagé de toute autre passion »19.

Si Doppet revendique la nouveauté de son système médical, la justification de la présence des anecdotes fictionnelles semble moins audacieuse : « Les différentes Anecdotes qu’on y trouve, ont été insérées non seulement pour l’amusement des Lecteurs, mais encore pour expliquer tous les effets de la plus forte des passions et des affections qui en dépendent »20. Ainsi, les anecdotes du Médecin de l’amour prétendent avoir une valeur didactique, tout en agrémentant le discours médical. L'ouvrage sera d'autant plus plaisant qu'il se veut accessible à tous : « cet Ouvrage est, par conséquent, à la portée de tout le monde ; il n’a même été composé que pour l’usage de ceux qui ne sont pas Médecins »21. Doppet a bien conscience que « [l]es possibilités formelles et stylistiques [de l’anecdote] sont limitées, mais non sa représentativité et ses conséquences philosophiques, morales ou autres »22. Il ajoute dès lors dans un souci pédagogique : « Si je me suis permis d’insérer quelques anecdotes dans cet Ouvrage, c’est que j’ai pensé que la morale produit toujours plus d’effet sur nous, étant mise en action, que lorsqu’on s’en tient à en répéter les préceptes »23. À l’inverse de Sue qui compile quelques années plus tôt des anecdotes médicales en reconnaissant avoir « plus cherché à amuser qu’à instruire »24, Doppet affirme les vertus préventives de ses courtes fictions : « C’est pour prévenir les malheurs de l’expérience que j’ai mis la main à la plume ; je n’ai été guidé que par le désir d’être utile »25. Il s’exclame : « Heureux ceux qui sont instruits par les erreurs et les malheurs des autres ! »26 tout comme on dit de l’amour qu’« [e]xposer ses ravages, c’est apprendre à se rendre insensible à l’appât de ses promesses »27 et que Joseph Hacot écrit dans « Triste effet d’un amour déréglé » que « les malheurs des autres doivent nous mettre en garde contre nous-mêmes ; nous devons nous instruire à leurs dépens »28.

Le Médecin de l’amour se propose par le biais de ces anecdotes de « plaire et instruire » et invite à une maîtrise vertueuse des passions, en toute conformité avec le projet moral du médecin. Mais c’est aussi parce que Doppet considère l’amour « comme influant sur notre bonne ou mauvaise santé »29 et qu’il aspire à fournir « des moyens plutôt préservatifs que curatifs »30 que ces récits doivent permettre de faire la promotion et la prévention de l’amour. Dans ce sens, Doppet développe particulièrement les différentes déclinaisons des effets de l’amour, allant « [d]es Charmes de l’amour » aux « Fureurs de l’amour », sans oublier ses illusions (I, chap. V), ses peines (I, chap. VI), ses bizarreries (I, chap. VII), ses surprises (I, chap. VIII) et ses malheurs (I, chap. IX) : chacun de ces éléments fonctionne pleinement selon la combinaison d’un texte discursif et d’un texte narratif. Dans la seconde partie de l’ouvrage, Doppet accompagne le chapitre « De l’amour considéré comme une maladie » (II, chap. IV) de deux anecdotes, tout comme il développe le chapitre « De l’amour considéré comme un Remède » (II, chap. VII) par deux récits et le rappel de l’histoire d’Antiochus. En revanche, Doppet n’a pas recours à l’anecdote pour appuyer des théories médicales comme par exemple « Des Causes accidentelles qui développent la passion de l’Amour » (II, chap. III) ou encore « Des Passions en général, et de leurs Causes » (II, chap. I). Ce processus de sélection de la part de Doppet conditionne la lecture de l’ouvrage et le discours scientifique développé par le médecin. L’anecdote devient ainsi une véritable preuve sous la plume de Doppet, lequel insiste sur cette fonction en écrivant : « L’exemple suivant prouve ce que j’ai avancé dans ce Chapitre »31. Ces histoires bien souvent réduites à quelques pages et répondant à chaque chapitre ne semblent trouver sens que pour confirmer le discours du médecin et ont valeur d’argument scientifique. Doppet refuse ici la séparation générique et textuelle entre discours scientifique et narration, tout comme il part du principe que l’âme et le corps sont intimement liés et subissent leurs influences réciproques. Les registres discursif et narratif du Médecin de l’amour entretiennent une « correspondance mutuelle »32, tout comme le corps et l’âme sont deux substances « tellement unies, que ce qui affecte l’une affecte également l’autre »33.

Le Médecin de l’amour n’est ni tout à fait un roman, ni tout à fait un traité médical et Doppet aspire ici à réconcilier les contraires : le corps et l’âme, l’amour comme source de biens et de maux, la fiction et le discours médical. La fonction probatoire des anecdotes nous invite à nuancer l’idée d’un usage conventionnel de la fiction comme complément ou comme ressource explicative. C’est dans le contenu même et la teneur de ces anecdotes que l’on découvre également toute l’audace du médecin Doppet.

Une partie des anecdotes de Doppet fait l’éloge d’un amour vertueux et de ses bienfaits. « Mélidor et Rosaure » (I, chap. IV, « Les Charmes de l’Amour ») sont en proie aux changements de la puberté et aux premiers élans des désirs amoureux et utilisent tous les recours de la galanterie (un poème, un portrait) pour se déclarer et nous fournir « le tableau de tous les plaisirs de l’amour »34. Ce n’est sans doute pas un hasard si Mélidor rappelle le poème Phrosine et Mélidore de Gentil-Bernard : Doppet s’inscrit dans une conception légère de l’amour en convoquant ici ce poète bien connu au dix-huitième siècle pour son licencieux Art d’aimer (1775). Aussi, quel meilleur exemple que celui du jeune Fierville (II, chap. VII, « De l’Amour considéré comme un Remède ») qui soigne sa mélancolie et son « humeur hypocondriaque »35 en tombant amoureux de la fille de son médecin. Les anecdotes de « Valcour et Sophie » ainsi que « Christine et Florival » quand bien même elles s’inscrivent dans « Les Peines de l’Amour » (I, chap. VI) nous montrent des héros de l’amour luttant avec le destin mais d’autant plus heureux de s’aimer. Il en est de même pour Angélique, (« Les Chagrins d’Angélique, ou la nouvelle Surprise de l’Amour ; Anecdote ») qui se console de la mort de celui qu’elle devait épouser dans les bras de son frère, prouvant ainsi « que l’oubli des malheurs passés, est un des plus grands bienfaits de l’amour »36. Les histoires de « Claire et Germeuil » et de » Susanne et Volanges » nous promettent l’illustration « De l’Amour considéré comme une Maladie » (II, chap. IV). Doppet insiste ici davantage sur les effets néfastes d’un amour contrarié : Claire et Germeuil contractent « une maladie de langueur »37 car ils se croient frère et sœur, de même que Susanne est « attaquée de cette terrible infirmité connue sous le nom de manie »38 lorsqu’elle est au désespoir d’avoir perdu son volage Volanges ; les amants seront guéris grâce à un phénomène de reconnaissance leur permettant de s’aimer, les premiers n’étant finalement plus incestueux, les seconds se mariant après le retour coupable de l’amant. Ils semblent finalement trouver dans le bonheur conjugal et dans l’amour « une joie modérée qui répand une douce chaleur sur l’économie animale »39. Dans ces deux histoires, l’amour est tout autant une pathologie, quand les désirs sont contrariés, qu’un remède salutaire quand les désirs sont assouvis.

À l’inverse, l’anecdote sur Charles IV, capable de tenir un charbon ardent dans le creux de sa main pour parler à sa belle, l’histoire du jeune homme de Carcassonne se dévorant le doigt par passion, et les malheurs de Boby errant sur la tombe de son amant, nous présentent l’empire de la passion amoureuse. Doppet évoque les malheurs provoqués par la passion et nous « donn[e] un exemple des malheurs que cause la tendresse »40 par l’histoire d’un homme qui va jusqu’à tenter de noyer celle qui lui était promise. Constance et Wormer sont victimes des « Fureurs de l’Amour » (I, chap. X) de Solanges, jaloux de n’avoir pu conquérir le cœur de Constance41. Nicette, capricieuse par amour, épouse un homme qui n’est pas de sa condition, et finira seule et malheureuse. Valincour subit quant à lui les effets d’une mauvaise éducation et de mauvais exemples, devenant incapable de bien diriger ses passions (« Valincour, ou les Erreurs d’un Petit-maître ; Anecdote »). Doppet consent ici qu’il a quelque peu ménagé son lecteur : « Dans les exemples que j’ai rapportés des fureurs et malheurs de l’amour, je n’ai pas cité les plus frappants ; loin d’avoir outré les choses, j’ai passé sous silence des Anecdotes dont l’horreur aurait révolté la délicatesse des Lecteurs, et qui cependant ne sont que trop vraies »42. On comprend cet aveu de Doppet lorsque l’on remarque qu’il nous présente assez rarement en quoi « les mouvements impétueux qu’éprouvent le cœur et le cerveau, mettent le désordre dans l’économie animale : la distribution des esprits n’est plus régulière ; les vaisseaux perdent leur élasticité ; tous les dérangements se multiplient ; et l’amour est vraiment une maladie »43.

À cet égard, certaines anecdotes sont surprenantes. On est étonné du dénouement de l’histoire de « Junie » (I, chap. V, « Des illusions de l’amour ») que Doppet puise dans L’Art de rendre les femmes fidelles. Cet ouvrage aux prétentions sérieuses mais qui n’en reste pas moins un manuel de vie conjugale, tente par l’histoire de Junie de dissuader les femmes de l’adultère par la peur de la révélation de leurs aventures : Junie succombe aux séductions d’un petit-maître. Son histoire est révélée au grand jour mais la jeune femme sera pardonnée par son mari après un séjour au couvent en guise de repentir. Séduite, Junie émet d’abord quelques résistances : dans l’Art de rendre les femmes fidelles, « il lui paraîtrait affreux de passer sa vie avec un homme qu’elle aurait traité avec tant de mépris. Qu’en un mot, et puisqu’il faut le dire, elle ne pouvait se résoudre à devenir la femme d’un cocu »44. Chez Doppet : « il lui paroîtroit affreux de passer sa vie avec l’époux qu’elle auroit trahi… Belfort étoit pressant, Junie était malheureusement faible… Un fol amour étouffa les cris du devoir, et Junie céda »45. Doppet insiste ici peu sur les peurs de Junie de voir son aventure divulguée mais met l’accent sur l’amour illusoire qu’elle contracte pour Belfort. La duchesse, compagne de débauche de l’amant de Junie, paye de sa vie son libertinage dans l’anecdote originelle : « elle n’a pas vécu long-temps, il y a deux ans qu’elle est morte subitement dans un accès de jalousie »46. Doppet ne fait pas état du destin de la duchesse : le médecin insiste sur la déchéance de l’amant et reprend cette histoire sans parvenir réellement à nous faire voir l’amour et ses illusions comme un véritable danger (Junie ira bien pleurer sa faute au couvent avant d’être tout de même pardonnée, et la jalousie et la débauche ne provoquent pas la mort chez Doppet). L’histoire d’Eugénie, dans un même sens, nous présente « Les Bizarreries de l’Amour » : la jeune femme cède aux avances d’un marquis, mais, au moment de fuir avec lui en Angleterre, est rappelée à ses devoirs par l’amour maternel. L’histoire d’Eugénie est ici extraite du témoignage d’une femme dans le Journal de Paris du 8 février 1779 qui expie sa faute en publiant sa honte et ses remords. Dans Le Médecin de l’amour, l’histoire d’Eugénie est moins celle des remords d’une femme adultère que la preuve que « [l]a fidélité est l’effet de l’amour, comme l’inconstance l’est de ses bizarreries »47. Les écarts de Junie et d’Eugénie ne sont que passagers et la fidélité est chez Doppet toute relative :

Malgré tous les sermens qui sont d’usage entre les amans, il n’y a aucun d’eux qui puisse répondre de n’y pas manquer dans la suite. Lorsqu’un amant jure qu’il aimera toute sa vie, il croit bien pouvoir tenir sa parole ; son transport momentané lui semble un sur-garant de sa fidélité ; j’assure cependant qu’il ne dépendra pas de lui de changer ou d’être constant48.

Ces deux héroïnes peuvent nous faire penser au personnage de Zélamire : comme Junie qui « avoit l’imagination vive ; [et] avoit lû dans son Couvent des livres bien passionnés »49, Zélamire affirme que « c’est sans doute à tant de lectures [qu’elle] doi[t] la singularité de son caractère »50. C’est aussi et surtout comme Zélamire que Junie et Eugénie se livrent à des « liaisons bizarres » en suivant leurs désirs amoureux et leur sensibilité, sans qu’il n’y ait de réelle condamnation de leurs penchants. L’histoire de Saint-Albin et Joséphine, en conclusion du Médecin de l’amour ne laisse pas de surprendre : le trop naïf Saint-Albin est poussé dans la débauche par Dorvigni, jaloux du bonheur des deux amants. La vertueuse Joséphine essuie de nombreux malheurs et calomnies, avant de retrouver un Saint-Albin plus raisonnable. Si les regrets de Saint-Albin se manifestent dans une démence qui dure près de deux ans, Dorvigni et ses complices « trouv[ent] dans la fuite les moyens d’échapper à la juste sévérité des loix »51. Enfin, la dernière anecdote de l’ouvrage porte un titre prometteur : « Dorine, ou les Progrès du Vice et du Libertinage » : l’histoire de cette jeune femme se livrant à de nombreux amants tout en passant pour une domestique exemplaire et honnête inquiète davantage le lecteur sur le statut de ses domestiques que sur la passion amoureuse. La conclusion de Doppet sur cette histoire est d’ailleurs sans appel : « L’Histoire de Dorine doit inspirer plus de précaution pour choisir les Domestiques »52.

En faisant l’éloge de l’amour par ses vertus curatives, Doppet propose une médecine amoureuse ambigüe. La morale de certaines anecdotes est parfois quelque peu douteuse, sinon peu tranchée, tout comme la portée dissuasive et prophylactique de certains récits pourrait être remise en cause. Quoique Doppet prétende avoir recours à la fiction par souci d’exactitude53, l’alliance de la prévention et de la promotion de l’amour par ces anecdotes touche à ses propres limites et fait du Médecin de l’amour un ouvrage qui joue des principes de la littérature et de la médecine de son temps.

À l’inverse du médecin qui recherche la justesse de l’observation et de l’expérience en recueillant « les faits les plus étranges, et les cas les plus rares »54, Doppet puise dans la fiction les éléments de son observation médicale. Alexandre Wenger a remarqué les rappels que Doppet fait à la littérature de son temps dans les courts récits probants du Médecin de l’amour, et insiste sur leur appellation ambigüe au dix-huitième siècle : si elle se démocratise, l’anecdote reste empreinte de révélations historiques et de secrets d’alcôves tendancieux. On ne saurait en effet être dupe d’un médecin qui expose la « théorie de la médecine des amans »55 par le recours à une forme littéraire suspecte qui oscille entre vérité et imaginaire grivois du temps et confère par là une ambigüité formelle de plus à son « ouvrage médico-romancier. » Ainsi, « [m]algré les protestations d’honnêteté répétées de son auteur, Le Médecin de l’amour semble bien solliciter de la part du lecteur un intérêt qui joue de la porosité entre le licite et l’incitation au plaisir »56.

Doppet inscrit ses fameuses anecdotes dans la veine sensible qui caractérise une grande partie de la littérature du siècle. Provoquer l'émotion, attendrir et remuer le cœur du lecteur sont les grandes exigences de cette littérature dite « sensible ». On reconnaît sans peine le jeu onomastique de Doppet dans ses anecdotes : Sophie (« Valcour et Sophie », I, chap. VI) et Saint-Albin (« Saint-Albin et Joséphine, ou l'Innocence opprimée », conclusion) font de manière évidente référence au drame sensible de Diderot. Les anecdotes de Doppet sont nourries des schémas narratifs largement rebattus de l’époque : jeunes femmes vertueuses victimes de marquis et de petits-maîtres débauchés (Joséphine, Eugénie, Junie), amoureux fous ou éplorés sur la tombe de leur amant (Boby, Solanges, Suzanne, Angélique). Certaines anecdotes cherchent ainsi à mettre à l’épreuve la sensibilité du lecteur, mais aussi à l’attendrir et à le toucher. Le préfacier des Mémoires de Doppet ne manque pas mettre en balance ce peu de créativité littéraire avec une morale équivoque, notant que Doppet « fut en 1787 galant médecin et fade romancier »57. Le phénomène de reprise de ces éléments de littérature nous invite à rapprocher Le Médecin de l’amour de ce que La Mettrie appelle la « Semeiotique d’Amour »58 inscrite non sans une certaine ironie dans « la vraïe galanterie Médicale »59 : « Croyez-moi, plus on a de sentiment, plus on est excellent Médecin ; c’est à la source qu’il faut le puiser, et par conséquent chez les Femmes et chez les écrivains qui en ont le plus montré »60. Doppet cherche sûrement à toucher ses lecteurs de manière quelque peu détournée : peut-être s’agit-il même d’administrer aux lecteurs son fameux remède. Dans son roman Zélamire, ou les liaisons bizarres, Doppet se veut ardent défenseur de son statut de médecin-écrivain et revendique la compatibilité de ces deux activités. S’il affirme que la littérature fait partie de ses délassements, il » observ[e] qu’un Médecin fai[t] souvent plus de bien à ses malades en leur faisant des contes amusants, qu’en les émetifiant et les saignant avec la gravité la plus scientifique »61. Le médecin ajoute que « la distraction sert plus d’une fois de reméde »62 et qu’elle est « un des principaux articles de [s]a matière médicale »63, tout comme il affirme que les médicaments, la saignée, le vin et l’opium sont des remèdes physiques inefficaces contre l’amour (II, chap. V). Les vertus thérapeutiques de la fiction et de l’amour se conjuguent dans Le Médecin de l’amour. Doppet revient dans son ouvrage sur les principes de la littérature : bien plus que de « plaire et instruire », on serait tenté de dire qu’elle cherche ici à « plaire et à guérir ».

Doppet s’éloigne ici des conceptions morales et médicales des Lumières sur la lecture, qui s’incarnent dans le rejet de la fiction et des lectures trop assidues64 ainsi que dans la méfiance à l’égard du genre romanesque (surtout s’il est libre ou frivole). Le médecin situe justement la lecture dans le chapitre « Les Causes accidentelles qui développent la passion de l’Amour » :

Dans les causes dont je parle dans ce Chapitre, je comprends non seulement les livres obscènes, mais encore ceux qui peignent une volupté plus épurée. À la lecture de certains Romans, la vertu sent bientôt qu’elle s’ébranle et chancelle ; on se trouve peu à peu livré à une douce émotion, suivie de mouvements et de désirs ; et, comme les héros de l’Ouvrage, on s’abandonne enfin à toute l’ivresse des sens65.

Doppet semble bien ici évoquer les fameux romans libertins en vogue dans la seconde partie du dix-huitième siècle. Pourtant, les fictions de Doppet jouent de la corde sensible du lecteur, et l’engagent à se ranger du côté du plaisir amoureux et sensible. Il semble bien que Doppet ait pris au pied de la lettre cette remarque de Du Bos sur « Comment on rend les sujets dogmatiques, intéressans » :

L'esprit ne saurait jouir deux fois du plaisir d'apprendre la même chose ; mais le cœur peut jouir deux fois du plaisir de sentir la même émotion. Le plaisir d'apprendre est consommé par le plaisir de savoir. […] Les hommes aimeront toujours plus les livres qui les toucheront que les livres qui les instruiront. Comme l'ennui leur est plus à charge que l'ignorance, ils préfèrent le plaisir d'être ému au plaisir d'être instruits66.

Dans ses « Réflexions sur le plaisir », Doppet affirme ainsi qu’« on est malade sitôt qu’on est insensible au plaisir »67. On ne s’étonne guère ici que Le Médecin de l’amour soit publié à Paris et à Paphos, lieu d’édition imaginaire du genre libertin, ainsi que sous la protection de La Mettrie par son épitaphe non moins voluptueuse68. Les anecdotes de Doppet font de la fiction un plaisir véritable : c’est ici une des grandes caractéristiques de la fiction libertine et galante que Doppet rappelle, témoignant sans doute dans Le Médecin de l’amour, de « son excellente connaissance de la psychologie amoureuse et [de] son expérience de libertin »69. Doppet invite à reconsidérer la fiction et la lecture du point de vue médical : les anecdotes relèvent également d’un plaisir de lire, que l’on ne peut dissocier de celui d’aimer. Alors que Tissot affirme que « [l]es inconvénients des livres frivoles sont de faire perdre le temps et de fatiguer la vue »70 Doppet semble faire de la lecture du Médecin de l’amour un élément de « la théorie du plaisir »71, qui cherche avec délicatesse à montrer « les charmes de la volupté, et l’horreur du dérèglement »72. Doppet convient qu’à l’égard des amoureux, « le Médecin de ces malades serait très-embarrassé dans le choix de ses remèdes »73 ; il n’avait certainement pas oublié cette remarque de Tissot : « en général les Gens de Lettres sont les malades les plus difficilles à conduire »74 car « ils sont comme les amants qui s’emportent quand on ose leur dire que l’objet de leur passion a des défauts »75.

Dans Le Médecin de l’amour, fiction et science semblent faire bon ménage. Bien loin d’être la simple illustration de la théorie médicale du médecin, les anecdotes jouent la carte du plaisant et de l’agrément pour devenir les véritables preuves du discours. Si l’amour est pensé comme un remède, il trouve sa plus belle expression dans des récits fictionnels, non plus seulement à valeur préventive ou dissuasive, mais faisant partie du programme thérapeutique du médecin.

Le Médecin de l’amour pourrait être également celui de l’humour : la galanterie y est de mise par l’art du déplacement des références littéraires dans le cadre d’une théorie médicale qui glorifie le sentiment amoureux et le plaisir. La médecine de Doppet n’est peut-être pas exempte du propre plaisir que prend l’auteur à jouer avec les éléments de littérature du siècle : la galanterie médicale de Doppet consiste aussi à considérer la fiction non plus avec méfiance, mais à s’y livrer avec un plaisir certain.

Les délassements littéraires du médecin Doppet nous révèlent que discours médical et discours fictionnel sont un seul et même élan chez celui qui se faisait une gloire d’être médecin et auteur. Cet élan trahit surtout une conception de la littérature qui refuse les répartitions génériques et textuelles qu’on veut bien lui donner : Le Médecin de l’amour invite à réunir la fiction et le discours scientifique, non plus seulement pour « plaire et instruire », mais sûrement chez Doppet pour le plaisir d’être utile et dans l’espoir d’être lu.

1 La Mettrie, Ouvrage de Pénélope ; ou Machiavel en médecine, par Aletheius Demetrius, t. I, Berlin, s.n., 1748, s.p.

2 Mémoires politiques et militaires du général Doppet [1797], Paris, Baudouin frères, 1824, p. 23.

3 E. Franceschini, in Dictionnaire de biographie française, par Roman d’Amat et R. Limousin-Lamothe (dir.), t. XI, Paris VI, librairie Letouzet et Ané

4 Dictionnaire des sciences médicales. Biographie médicale, t. III, Paris, C.L.F. Panckoucke éditeur, 1821, p. 511.

5 Doppet, Zélamire, ou les liaisons bizarres. Histoire récente, mise au jour d’après les Mémoires de l’Héroïne, et publiée par l’Editeur de Célestina

6 Ibid., p. 200.

7 Mémoires politiques et militaires du général Doppet, op. cit., p. 9.

8 Doppet, Zélamire, ou les liaisons bizarres, op. cit., p. 199.

9 Mémoires politiques et militaires du général Doppet, op. cit., p. 11.

10 Journal Encyclopédique ou universel, dédié à son Alt. Sérénissime MGR le Duc de Bouillon, etc, etc, etc., année 1787, t. VI, Partie I, à Bouillon

11 Ibid., p. 77.

12 Le Médecin de l’amour, à Paphos, et se trouve à Paris, chez Leroy, 1787, p. 2.

13 Les cinq autres étant : l’air, le tempérament, le sommeil et la veille, l’alimentation et la boisson, le mouvement et le repos.

14 Le Médecin de l’amour, op. cit., p. vii.

15 Ibid., p. xxiii.

16 Doppet, Le Médecin philosophe, Ouvrage utile à tout Citoyen, dans lequel on trouve une nouvelle manière de guérir, puisée dans les Affections de l’

17 Le Médecin de l’amour, op. cit., p. xxiii-xxiv.

18 Ibid., p. 142.

19 Ibid., p. vii.

20 Ibid., p. xiv.

21 Ibid., p. xiii-xiv.

22 L’Anecdote. Actes du colloque de Clermont-Ferrand (1988) présentés par Alain Montandon, Association des Publications de la Faculté des Lettres et

23 Le Médecin de l’amour, op. cit., p. 225.

24 Pierre Sue, Anecdotes Historiques, Littéraires et Critiques, sur la Médecine, la Chirurgie et la Pharmacie, à Amsterdam, et se trouve à Paris, chez

25 Le Médecin de l’amour, op. cit., p. x.

26 Ibid., p. ix.

27 Dictionnaire portatif, contenant les anecdotes historiques de l’Amour, depuis le commencement du monde jusqu’à ce jour, t. I, à Paris, chez Buisson

28 Joseph Hacot, Anecdotes galantes, ou le Moraliste à la mode, Francfort et Leipsic, chez Knock et Eslinger, 1760, p. 52.

29 Le Médecin de l’amour, op. cit., p. xii.

30 Ibid., p. xxiii.

31 Ibid., p. 23.

32 Ibid., p. vi.

33 Ibid., p. v.

34 Ibid., p. 23.

35 Ibid., p. 159.

36 Ibid., p. 68.

37 Ibid., p. 128.

38 Ibid., p. 138.

39 Ibid., p. 158.

40 Ibid., p. 69.

41 Les trois protagonistes de cette histoire finissent par mourir : Wormer est tué par Solanges, Constance meurt sur le coup et Solanges se suicide.

42 Ibid., p. 189.

43 Ibid., p. 124.

44 L’Art de rendre les femmes fidelles ; Ouvrage imprimé à Paris en 1717, Remis au jour et commenté avec des Anecdotes tant anciennes que modernes, à

45 Le Médecin de l’amour, op. cit., p. 32.

46 L’Art de rendre les femmes fidelles, op. cit., p. 164.

47 Le Médecin de l’amour, op. cit., p. 57.

48 Ibid., p. 100-101.

49 Ibid., p. 30.

50 Doppet, Zélamire ou les liaisons bizarres, op. cit., p. 16.

51 Le Médecin de l’amour, op. cit., p. 218.

52 Ibid., p. 250.

53 Ibid., p. x-xi : « on s’attend peut-être, d’après le titre, d’y trouver cette élégance qui fait le charme et le danger des Romans, mais j’ai cru

54 Du Monchaux, Anecdotes de Médecine, ou Choix des Faits singuliers qui ont rapport à l’Anatomie, la Pharmacie, l’Histoire Naturelle, etc. auxquels

55 Le Médecin de l’amour, op. cit., p. 142.

56 Alexandre Wenger, La fibre littéraire. Le discours médical sur la lecture au XVIIIe siècle, Genève, Droz, 2007, p. 281.

57 Mémoires militaires et politiques du général Doppet, op. cit., p. iv.

58 La Mettrie, Supplément à l’Ouvrage de Pénélope ; ou Machiavel en Médecine, par Aletheius Demetrius, t. III, à la fin duquel se trouve une Clé

59 Ibid.

60 Ibid., p. 124-125.

61 Doppet, Zélamire, ou les liaisons bizarres, op. cit., p. 198.

62 Ibid.

63 Ibid.

64 Voir Samuel-Auguste Tissot, De la santé des Gens de lettres.

65 Le Médecin de l’amour, op. cit., p. 122.

66 Abbé Du Bos, Réflexions critiques sur la Poésie et sur la Peinture [1719], 7e édition, à Paris, chez Pissot, 1770, t. I, p. 67-68.

67 Le Médecin de l’amour, op. cit., p. 170.

68 Doppet reprend la seconde partie de cette phrase de La Mettrie dans son Discours sur le bonheur, in Œuvres philosophiques, nouvelle édition

69 Philippe Brenot, Préface du Traité du fouet. Ouvrage médico-philosophique suivi d’une dissertation sur tous les moyens capables d’exciter aux

70 Tissot, De la santé des Gens de lettres, à Lausanne, chez François Grasset et Compagnie, 1770, p. 14.

71 Le Médecin de l’amour, op. cit., p. 173.

72 Ibid., p. 171.

73 Ibid., p. 142.

74 Tissot, De la Santé des Gens de lettres, op. cit., p. 91-92.

75 Ibid., p. 90.

1 La Mettrie, Ouvrage de Pénélope ; ou Machiavel en médecine, par Aletheius Demetrius, t. I, Berlin, s.n., 1748, s.p.

2 Mémoires politiques et militaires du général Doppet [1797], Paris, Baudouin frères, 1824, p. 23.

3 E. Franceschini, in Dictionnaire de biographie française, par Roman d’Amat et R. Limousin-Lamothe (dir.), t. XI, Paris VI, librairie Letouzet et Ané, 1967, p. 549.

4 Dictionnaire des sciences médicales. Biographie médicale, t. III, Paris, C.L.F. Panckoucke éditeur, 1821, p. 511.

5 Doppet, Zélamire, ou les liaisons bizarres. Histoire récente, mise au jour d’après les Mémoires de l’Héroïne, et publiée par l’Editeur de Célestina, à Paris, chez les Marchands de Nouveautés, 1791, p. 198-199.

6 Ibid., p. 200.

7 Mémoires politiques et militaires du général Doppet, op. cit., p. 9.

8 Doppet, Zélamire, ou les liaisons bizarres, op. cit., p. 199.

9 Mémoires politiques et militaires du général Doppet, op. cit., p. 11.

10 Journal Encyclopédique ou universel, dédié à son Alt. Sérénissime MGR le Duc de Bouillon, etc, etc, etc., année 1787, t. VI, Partie I, à Bouillon, de l’Imprimerie du Journal, p. 78.

11 Ibid., p. 77.

12 Le Médecin de l’amour, à Paphos, et se trouve à Paris, chez Leroy, 1787, p. 2.

13 Les cinq autres étant : l’air, le tempérament, le sommeil et la veille, l’alimentation et la boisson, le mouvement et le repos.

14 Le Médecin de l’amour, op. cit., p. vii.

15 Ibid., p. xxiii.

16 Doppet, Le Médecin philosophe, Ouvrage utile à tout Citoyen, dans lequel on trouve une nouvelle manière de guérir, puisée dans les Affections de l’Ame, et la Gymnastique, à Turin, chez les Frères Reycends, et se trouve à Paris, chez Leroy, 1787, p. 15.

17 Le Médecin de l’amour, op. cit., p. xxiii-xxiv.

18 Ibid., p. 142.

19 Ibid., p. vii.

20 Ibid., p. xiv.

21 Ibid., p. xiii-xiv.

22 L’Anecdote. Actes du colloque de Clermont-Ferrand (1988) présentés par Alain Montandon, Association des Publications de la Faculté des Lettres et Sciences Humaines de Clermont-Ferrand, 1990, p. VI.

23 Le Médecin de l’amour, op. cit., p. 225.

24 Pierre Sue, Anecdotes Historiques, Littéraires et Critiques, sur la Médecine, la Chirurgie et la Pharmacie, à Amsterdam, et se trouve à Paris, chez Le Boucher, 1785, t. I, p. iv.

25 Le Médecin de l’amour, op. cit., p. x.

26 Ibid., p. ix.

27 Dictionnaire portatif, contenant les anecdotes historiques de l’Amour, depuis le commencement du monde jusqu’à ce jour, t. I, à Paris, chez Buisson, 1788, p. iii.

28 Joseph Hacot, Anecdotes galantes, ou le Moraliste à la mode, Francfort et Leipsic, chez Knock et Eslinger, 1760, p. 52.

29 Le Médecin de l’amour, op. cit., p. xii.

30 Ibid., p. xxiii.

31 Ibid., p. 23.

32 Ibid., p. vi.

33 Ibid., p. v.

34 Ibid., p. 23.

35 Ibid., p. 159.

36 Ibid., p. 68.

37 Ibid., p. 128.

38 Ibid., p. 138.

39 Ibid., p. 158.

40 Ibid., p. 69.

41 Les trois protagonistes de cette histoire finissent par mourir : Wormer est tué par Solanges, Constance meurt sur le coup et Solanges se suicide.

42 Ibid., p. 189.

43 Ibid., p. 124.

44 L’Art de rendre les femmes fidelles ; Ouvrage imprimé à Paris en 1717, Remis au jour et commenté avec des Anecdotes tant anciennes que modernes, à Genève, et se trouve à Paris, chez Jean-François Bastien, première partie, 1779, p. 158.

45 Le Médecin de l’amour, op. cit., p. 32.

46 L’Art de rendre les femmes fidelles, op. cit., p. 164.

47 Le Médecin de l’amour, op. cit., p. 57.

48 Ibid., p. 100-101.

49 Ibid., p. 30.

50 Doppet, Zélamire ou les liaisons bizarres, op. cit., p. 16.

51 Le Médecin de l’amour, op. cit., p. 218.

52 Ibid., p. 250.

53 Ibid., p. x-xi : « on s’attend peut-être, d’après le titre, d’y trouver cette élégance qui fait le charme et le danger des Romans, mais j’ai cru que la Vérité n’avait besoin que d’elle seule pour se montrer ».

54 Du Monchaux, Anecdotes de Médecine, ou Choix des Faits singuliers qui ont rapport à l’Anatomie, la Pharmacie, l’Histoire Naturelle, etc. auxquels on a joint des Anecdotes concernant les Médecins les plus célèbres [1762], à Lille, chez J.-B. Henry, 1766, p. viii.

55 Le Médecin de l’amour, op. cit., p. 142.

56 Alexandre Wenger, La fibre littéraire. Le discours médical sur la lecture au XVIIIe siècle, Genève, Droz, 2007, p. 281.

57 Mémoires militaires et politiques du général Doppet, op. cit., p. iv.

58 La Mettrie, Supplément à l’Ouvrage de Pénélope ; ou Machiavel en Médecine, par Aletheius Demetrius, t. III, à la fin duquel se trouve une Clé, Berlin, s.n., 1750, p. 114.

59 Ibid.

60 Ibid., p. 124-125.

61 Doppet, Zélamire, ou les liaisons bizarres, op. cit., p. 198.

62 Ibid.

63 Ibid.

64 Voir Samuel-Auguste Tissot, De la santé des Gens de lettres.

65 Le Médecin de l’amour, op. cit., p. 122.

66 Abbé Du Bos, Réflexions critiques sur la Poésie et sur la Peinture [1719], 7e édition, à Paris, chez Pissot, 1770, t. I, p. 67-68.

67 Le Médecin de l’amour, op. cit., p. 170.

68 Doppet reprend la seconde partie de cette phrase de La Mettrie dans son Discours sur le bonheur, in Œuvres philosophiques, nouvelle édition, Corrigée et augmentée, t. II, à Berlin, 1775, p. 148 : « La volupté n’énerve pas toujours ses favoris : on lui sacrifie beaucoup, mais on ne lui sacrifie pas tout ; et quelque puissant que soit son empire, le devoir s’allie si bien au plaisir, dans une âme raisonnable, que loin de se nuire, ils se prêtent des forces mutuelles ».

69 Philippe Brenot, Préface du Traité du fouet. Ouvrage médico-philosophique suivi d’une dissertation sur tous les moyens capables d’exciter aux plaisirs de l’amour et d’un catalogue aphrodisiaque [1788], Paris, Payot, 2011, p. 15.

70 Tissot, De la santé des Gens de lettres, à Lausanne, chez François Grasset et Compagnie, 1770, p. 14.

71 Le Médecin de l’amour, op. cit., p. 173.

72 Ibid., p. 171.

73 Ibid., p. 142.

74 Tissot, De la Santé des Gens de lettres, op. cit., p. 91-92.

75 Ibid., p. 90.

Bénédicte Prot

Université de Lorraine
Prépare actuellement une thèse de doctorat en littérature sous la direction de Mme Catriona Seth et de M. Alexandre Wenger dans le cadre d’une cotutelle entre l’université de Lorraine et l’université de Fribourg (Suisse). Elle est rattachée à l’université de Fribourg en tant qu’assistante-diplômée en « Littérature et Médecine ». Son travail de recherche porte sur les représentations de la nudité dans la littérature du dix-huitème siècle, plus spécifiquement dans des textes de fiction divers et des ouvrages médicaux. Elle a rédigé l’article « Les femmes et le comique dans le théâtre du marquis de Sade », pour la revue Itinéraires. Littérature, textes, cultures. Sade et les femmes : ailleurs et autrement, sous la direction d’A. Coudreuse et S. Genand (à paraître) et a participé au XIIIe colloque « Jeunes chercheurs » du CIERL à Montréal les 30-31 mai 2013 sur « La sociabilité du solitaire : pratiques et discours de l’intimité, de l’exclusion et du secret à l’époque moderne ». Sa communication portait sur « Les symptômes de la réclusion : la critique de la prison dans la correspondance du marquis de Sade » (à paraître)