De tout temps les hommes ont tenté d'exploiter au mieux leur environnement végétal comme animal. La littérature nous donne de nombreux exemples de cette traque permanente de l'animal utile à travers le monde et en particulier dans l'océan Indien. Aucune partie de l'animal n'est négligée, ivoire (appelé « dents d'éléphants » par les Chinois), « robes » des grands fauves (connus du seul nom de nimr par les Arabes qui les collectaient en Afrique de l'Est et s'en servaient sous les selles des chevaux), etc. Mais ce fut la tortue et ses précieuses écailles, disponibles sur de plus vastes territoires marins qui fut, au fil du temps, l'objet des prélèvements les plus étendus. Pour n'en prendre qu'un exemple, nous ne retiendrons que cette déclaration faite dans Les Merveilles de l’Inde1 :
Ils (les Waqwaq) répondirent que c’était parce qu’on trouvait chez eux (les Zendj) des produits qui convenaient à leur pays et à la Chine, comme l'ivoire, l’écaille, les peaux de panthères, l'ambre gris…
L’ancienneté des captures
L'ancienneté des captures n'est pas toujours avérée comme le laisse percevoir la quasi absence de notifications du temps des époques égyptiennes. Pourtant les multiples descriptions d'autres animaux auraient pu nous faire attendre le contraire2.
À y regarder de plus près, les auteurs, entre autres Mabille qui étudia longuement les gravures de l'expédition de Hatshepsout au pays de Pount vers 1500 av. EC apportent la preuve que les carapaces de tortues faisaient bien l’objet de collectes.
Among the product of punt represented as piled beneath the sycamore is one named […] kash, followed by a curious determinative. It lies in three pieces, larger than the lumps of incense, and I take it to be so many turtoise shells.3
Toutefois, Stanley M. Burstein citant Agatharchides of Cnidus pense que le commerce de l'écaille ne se faisait pas encore au 2e siècle av. J.C.
The shells, which are bowl shaped, they use to sail across to the mainland, which they do to fetch water, and for shelter, placing them upright in the highest spots, so that nature seems to have granted them with one gift the satisfaction of many needs, for one and the same gift is their food, container, house and boat.4
À ma connaissance, une réelle étude de l'exploitation des tortues n’a pas encore été menée pour les siècles antérieurs. Elle s’imposerait non seulement pour connaître l’usage qui en fut fait mais aussi pour déterminer l’extension des aires de répartition, permettant ainsi une approche de la connaissance soit des échanges commerciaux entre collecteurs et acheteurs soit des limites géographiques atteintes par les premiers collecteurs sans intermédiaires locaux. Évidemment, la distinction entre les deux ne serait pas facile à établir vu la rareté des documents hors matériaux.
Les premiers textes et des indices toponymiques
L'intérêt que portèrent les hommes aux tortues tint particulièrement à leurs écailles, mais pas seulement. Les textes gréco-romains comme le Périple de la Mer Erythrée (entre 40 et 70 après J.C.) y font plus qu'une simple allusion :
(…plus au sud) se trouve le dernier marché de l'Azanie, appelé Rhapta, où il y a une grande quantité d'ivoire et d'écaille de tortue5.
Chami6 dit que Rhapta est à l'embouchure du Rufidji, dos Santos limite l'emplacement le plus au sud au Cap Delgado, vraisemblablement le cap Prason des Grecs.
Pline7 qui ne se prive pas de copier Agatarkhides (2e siècle av. EC) apporte quelques compléments
In the Troglodyte country there are tortoises with horns8 like lyres but moveable, which they use as oars when swimming This kind is called chelyon; it has a valuable shell, but is rare, because the Tortoise-eaters are afraid of the sharp rocks among which they live; and the Troglodytes whose coast they visit account them sacred?
Par ailleurs, une étude attentive des toponymes anciens attribués à diverses régions du canal de Mozambique apporte des précisions sur l’attention qu’on leur portait. On peut ainsi reconnaître la trace de la tortue dans son association au Tartare (lieu d'enfer et de ténèbres pour les Anciens)9. La mer des ténèbres s'associe donc à la « mer des tortues ». Le terme grec « tartaros »10, utilisé par Platon qui évoque déjà l'enfer se retrouve dans l'italien tartaruga désignant ce reptile. Les Arabes utiliseront ce terme de ténèbres pour nommer la zone au-delà du canal de Mozambique, mais ne semblent pas lui avoir associé le mot tortue.
Les Grecs se servent du mot prase pour nommer une région au-delà de Rhapta. Ce terme évoque une zone caractérisant la nourriture préférée des tortues comme Desanges11 l'a prouvé. Mare Prasodum Breves: met en valeur les plantes consommées (alsinae?) par les tortues marines dans le secteur où l’océan est de faible profondeur (breves). Praso12 est le nom de cette plante (Chatelain). Ces termes (Mare Breves Prasodes) ont été reconduits sur la carte A.C. Mullero Instructae Tabulae- Claudii Ptolemaei Géo13, mer de peu de profondeur où poussent ces « herbes ». Prasodu subsiste sur la carte de Cantino, 150214, qui l'a copié sans doute sur une carte tirée de la Géographie de Ptolémée. Il s'agit de ces hauts fonds où pousse cette plante dont la tortue chelonia mydas (tortue verte) est friande.
Pline15 a écrit « Regio amithoskutta (scata, scutta, scuta), damnia, mizi maiores et minores, drimati »16. Wissmann17, qui a su tenir compte de ces vers, n'a cependant pas compris que le terme amithoskutta comprenait le mot scutta, à savoir le mot carapace, écaille18, et a cru que c'était le mot Madagascar mal orthographié. En revanche, la détermination des autres mots semble envisageable : wamizi pour les îles Mizi Mrima (Mozambique) pour Drimati, Domoni pour Damnia, ce qu'avait approuvé Rotter19. Regio amithoskutta, signifie donc « région où l’on trouve l'écaille de tortue ». Le sens de amitho peut demander une interprétation. Ne s’agit-il pas du latin a (privatif) et de mito « légendes », ce qui signifierait « qui n’est pas une fable ». Des tortues de grande taille sont en effet signalées par Pline (livre IX) :
The Indian Ocean produces tortoises (testudines) of such a size that a single shell is enough to form a hut to live in, and the inhabitants of the islands in the Red Sea use them as boats.
Le canal de Mozambique constitue un lieu majeur selon Pline.
D'autres indices de noms de lieux faisant allusion aux tortues peuvent être relevés et retenus. Thevet20 prétend que Madagascar s'appelait Pacras, terme signifiant tortue selon lui (mais en quelle langue ?). Même si l'on doit se méfier des déclarations de Thevet, il n'en reste pas moins qu'il associe les tortues à ce terme et à l’île21. Nous retiendrons aussi le malgache I-harana : « où il y a de l'écaille » pour nommer la ville de Vohemar, (voir Dalmond22, Mundy23, Webber24, Poirot25, Vergnes26 et aussi Berthier). Flacourt27 donne osinkary pour la carapace de tortue, le caret s'appelant fanohara en malgache. Faut-il voir une influence de l'espagnol (ou plutôt du portugais) sur le malgache, ce qui indiquerait une intention commerciale ?
De quelques lieux de capture et les techniques utilisées
Si les lieux de capture souvent ne sont pas indiqués avec précision, la description de certaines régions peut apporter des indices, soit sur ces lieux mêmes ou sur ceux qui les nomment, si ce n’est sur ceux qui les emploient, l’emploi d’une langue n’étant pas à coup sûr la preuve qu’elle est utilisée par ses locuteurs initiaux, même si cela est assez probable.
Les types de tortues capturées peuvent aussi donner quelques indices du lieu de leur capture même s'il n'est pas précisé28. Ainsi, Eretmochelys imbricata, anciennement chelone imbricata qui ne mange pas d’algues mais des mollusques, des crustacés et des éponges (même vénéneuses) se trouve surtout au nord de Madagascar, aux Seychelles et à Aldabra. Elle vit en solitaire sur les côtes découpées en petites plages et sur récifs coralliens (vasières, falaises, rivages, îles, zones soumises à marée). Chelonia mydas, marine à écailles, tortue verte (ou franche) est abondante sur tout le Mozambique et Europa, grégaire et herbivore. Elle se nourrit de plantes fournies par la prairie qui tapisse les fonds marins de sa zone d’habitat (eaux moyennes et superficielles des mers et eaux côtières). Casson apporte des renseignements précis sur ces espèces pour l'époque du Périple de la Mer Erythrée :
Tortoise shell receives more mention in the PME than any other object of trade. It was exported by, or available at, ports in all the regions the author mentions (Red Sea, Adulis, Avalites, the horn and east coast of Africa, Socotora, southern coast of Arabia, India, Ceylon, Malay and Sumatra). Commercial tortoise shell today comes from a single source, the handsome shields of the hawsbill turtle (Eretmochelys imbricata), a large sea turtle, and is used mostly for smaller objects: combs, brushes, and personal adornments such as rings, brooches, and the like… The "genuine" tortoise shell is no doubt that of the hawksbill turtle, which is found in many waters, including the Red Sea29.
Les lieux de collecte et d'expédition de l’écaille sont en revanche mieux connus :
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« L’écaille de tortue provient surtout de la côte orientale d'Afrique qui l’expédie à Fustat-Le Caire où des artisans (arabes) sont spécialisés dans la fabrication d'objets en écaille30 ».
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Les Gréco-romains l’expédiaient à Adoulis (Mer Rouge) (Pline).
Les relations modernes nous font connaître que la tortue à écaille abonde toujours dans les eaux qui baignent la côte et les îlots aux environs de l'embouchure de l'Oufidji31.
L'écaille, au rapport d’Edrici, était la principale production de certaines îles peu éloignées de l'île el-Qomr. Elle peut se diviser en sept morceaux dont les plus lourds pèsent la moitié d'un mann. Elle est épaisse, transparente et bien variée dans ses couleurs32.
La recherche des tortues se poursuit au 13ème siècle. Horton tout de même dit qu'elle va décroissant. S'agit-il d'un constat d'épuisement des ressources ou une baisse d'intérêt ?33
Pour les siècles récents, les renseignements concernant la collecte et leur commerce ne manquent pas. En 1778, les Arabes amènent à Ngontsy34, île au nord de Madagascar, des noirs mozambiques pour les « vendre » (lire échange) contre de l’écaille. Du Maine35 déclare :
les Sakalava d'Ancara, de l'île de Nossé et d'Amouala font la pêche du caret sur ladite côte ainsi qu'aux petites îles qui l'avoisinent. L'écaille se vend aux Arabes de Mouzangaye qui vont eux-mêmes l'acheter en échange des marchandises de Surate, que les négociants Maures leur confient.
Passot36 signale des tortues en grande quantité à Mayotte et suggère que l’écaille puisse être exploitée. Gevrey37 y présente les tortues franches (chelonia mydas) et les carets (Eretmochelys imbricata). On notera la présence de ces deux tortues marines en un même lieu.
Pollen et van Dam38 indiquent que la zone est encore un lieu de production annuelle majeure de 3 000 kg en 1868, « The Arabs come each year with goods from Surat which they exchange for turtle shell »39 chez les Antankara.
Majunga est visité par différentes nations pour l'écaille de tortue40. Luis Mariano signale le grand nombre de tortues à la baie d’Ampasindava41. Balthazar Logo da Sousa (1557) déclara « les Maures vendent l'écaille de tortue aux Portugais »42. Bron de Vexela rapportait « Morondava was frequented by Antalaotse chelingues looking for tortoise shells »43.
Ces zones du canal de Mozambique ont attiré au fil des siècles des populations utilisant différentes techniques dans leur recherche de l’écaille. On peut lire dans Pline44 : « They are caught in many ways… two men turn the creature on to its back, and the third puts a noose round it, and this it is pulled to the shore ». Le Périple de la Mer Erythrée signale que les nasses sont disposées entre les écueils à l'île de Menouthias45.
Une autre technique est également évoquée par Grottanelli46 à la côte de Somalia. La pêche au rémora est présentée comme la marque d'une influence austronésienne : dans ce cas, il y aurait eu une diffusion vers la côte africaine car on la retrouve aussi bien chez les Bajuini en Somalie qu’au Mozambique chez l'Ethiopia Orientale de Dos Santos47, mais aussi chez les Vézo48. Ph. Commerson au 18e siècle, Revoil (1888), Elliot (1925)) en font aussi mention. À Nosy Be, le rémora est appelé sucet49 et est conservé dans un baquet d’eau.50 Julien51 consacre deux pages à la capture. On trouve aussi la pêche au harpon à Vohémar : un feu est allumé dans une vieille carapace à bord du bateau pour attirer la tortue qui est harponnée52.
Des informations historiques qui affirment l’extension de la diffusion de l’écaille des tortues de l’océan occidental
Smidt53 rappelle que Höllmann (1992, 411) signale dès les Han (206. BC-220 AD) le commerce de l'écaille qui sera également indiqué comme transporté par le royaume de Huang-tchi (censé être une déformation d’Agazi), royaume d’Erythrée (voir Hermann A., 1913, 553). Duyvendak54 signale également ce déplacement des Chinois dans ce but commercial. Chao Ju-kua (13e siècle) constate l’épaisseur de l'écaille de tortue de Berbera : « the land is rich of… tortoise-shell of extraordinary thickness, for which there is great demand in other countries »55.
Pour Coedès56 :
les annales de la dynastie de Han parlent d'une ambassade venue de Tatsin (l'Empire Romain) de la part de l'empereur An-toun (Marc-Aurèle Antonin) (en 166). Il n'est pas sûr qu'il y ait eu à proprement parler une mission diplomatique ; mais qu'un marchand romain se soit réclamé de son empereur et se soit donné les allures d'un ambassadeur, il n'y a rien là qui doive surprendre.
Janvier57 rajoute
Il est… (seulement) possible qu'une partie de l'écaille de tortue, si souvent mentionnée dans le PME, denrée qui était commercialisée autour de l'océan Indien et jusqu'en Chine et qui transitait ainsi dans les circuits commerciaux de l'empire romain, provînt d'animaux capturés à Madagascar ou dans ses eaux, sans que ses transporteurs romains en connussent l'origine exacte.
On est dès lors en droit de se poser la question de l'usage qui put être fait en d'autres parties de l'océan Indien de cette écaille recherchée et exportée par les Arabes pour faire des peignes selon Masudi58 mais aussi par les Wakwak59 dont al-Idrisi dit « ils se nourrissent de poissons, de coquillages et de tortues de mer »60. Il est bien possible qu'il s'agisse des populations de Madagascar du fait qu’al-Idrisi reprend la carte de Ptolémée. Sur une carte fermée avec une lecture cursive, il n’y a guère d'autre solution.
Quelques utilisations qui en furent faites
Les auteurs grecs et arabes apportent de nombreuses indications. On en fait des objets : « The Greeks and Romans… used it above all for large objects, for veneering beds, sideboards, dining couches, doors, etc. »61. Blümmer62 avait déjà évoqué cette utilisation commerciale en vue de décoration pour l’ameublement63. Vallet signale aussi dans les documents de la Geniza : « it appears more discreetly, used to make combs or to decorate jewellery or boxesand in the yemenite sources it is mentioned by the arabic named abal ».
Évidemment, il ne faut pas oublier de noter le rôle alimentaire important que tint la viande de tortue pour certaines populations, rôle nullement tenu chez les Arabes64 pour des raisons religieuses, mais signalé par Idrisi dans l'ensemble waqwaq qu'il situe au sud de l'Afrique orientale.
Les relevés archéologiques à Dembeni65 confirment la consommation de la viande de tortues marines. On connaît l'utilisation de cette viande, protection contre le typhus. à bord des bateaux par les navigateurs austronésiens, à l'occasion des traversées du Pacifique.
Des usages médicinaux utilisant l'écaille de tortue ont été signalés par Vallet66. L'écaille est importée à Aden aux 13e et 14e siècles : « in his apothecary's treatise, he (al-Muzaffar Yusuf) also mentions the prophylactic qualities (against lice) and cautering effect, when the shell, reduced to ash, is mixed with egg white » (dans la Geniza, 13e siècle).
Elle joue aussi un rôle magique, en d'autres régions. En Chine par exemple, l'écaille avait un pouvoir divinatoire :
La civilisation de la Chine classique signale l'utilisation de l'écaille de tortue pour la divination. L'écaille était percée par une tige de métal rougie et les effets inscrits dans l'écaille étaient lus et interprétés.67
Les peignes en cette matière possèdent un pouvoir magique. L'écaille assure une longue vie au Japon, tout en étant un moyen de détecter le poison : “tortoise shell was believed to be able to detect poison”68 (comme la corne de rhinocéros qui noircissent au poison en Chine)69.
On écrivait aussi sur le plastron de la tortue. L'utilisation de la tortue à cet effet remonte à des temps fort anciens70.
Il existe aussi des pratiques relevant de rituels. Chez les Vezo, à Madagascar,
Toute prise de fanu (tortue fano), en mer, même si elle est involontaire, oblige le pêcheur à des pratiques rituelles »71 ; « Les tortues sont liées aux vurumbe (esprits de la vie) et l'on sait que, si les Vezo sacrifient une chèvre, ou exceptionnellement un bœuf, les offrandes sont isolées du sol, ou par des branches, ou en les accrochant à une fourche, ou en les plaçant dans l'anjumba72 » ; « Les hommes entaillent le plastron à coups de hache, commençant vers la tête…ils dépècent les tortues vivantes, en veillant à ne pas atteindre les organes vitaux, le cœur et l'aorte. Ils recueillent le sang comme ils peuvent, parfois avec les écopes, le versent dans des marmites… » ; « Les harponneurs placent les écopes pleines de sang, transversalement, sous la proue de chaque pirogue. Chacun d'eux enlève la partie avant du porte-harpon et la met dans une écope, avec ce qui servira à oindre de sang les pièces de l’embarcation consacrées aux dieux de la mer… le harponeur commence son onction de sang, veillant à ce qu'il pénètre bien dans la fente karetu, coule le long de la coque et tombe dans l'écope sans atteindre le sol, ce qui serait fâcheux »73.
Ce rituel sacrificiel du sang, vecteur de mise en relation avec les ancêtres, se retrouve chez les Betsimisaraka pour la chasse à la baleine74, mais aussi chez les Sakalava. Dandouau75 relate le sacrifice de la jeune fille suivi du badigeonnage des poteaux de la porte du mahabo avec ses seins découpés.
Ces rituels à Madagascar se retrouvent dans la capture des dugongs et la chasse à la baleine. Le sang est le principe vital convoyeur et pourvoyeur de sacré. C’est ce qui relie au divin, aux ancêtres. La couleur rouge est aussi le symbole du monde des forces sacrées. Les animaux marins comme le dugong et la tortue se substituent ainsi au zébu.
Brève conclusion
La gamme des utilisations de la tortue marine faites par les hommes montre l’importance que cet animal tint du matériel à l'immatériel, de l'alimentaire au rituel religieux en passant par l’esthétique. Il n'est donc pas étonnant de trouver sa trace dans des lieux et des temps différents.
En étudiant les allusions qui y sont faites dans les textes, peut-on les analyser comme un possible marqueur ethnique et culturel et discerner à travers elles les mouvements de populations qui en facilitèrent la diffusion. Mais les techniques de capture sont-elles un marqueur de ce type ? Cela put être possible, mais les mouvements de population en facilitèrent la diffusion. C’est probablement plus l'état de la mer (lagons, baies ou mer formée) qui détermine le mode de pêche plutôt que le groupe ethnique qui la pratique.